Rappelez-vous, il y a deux semaines, nous vous parlions du spectacle Légendaire de la compagnie Le Chromosome 42 à l’Espace 44. Cette dernière ayant piqué notre curiosité, aujourd’hui nous vous en apprenons un peu plus en allant creuser de son côté.
La compagnie Le Chromosome 42, fondée en 2006, évolue entre divers univers, mêlant ainsi dans la plupart de leurs productions le théâtre, le cinéma et les séries télé. Toujours avec une simplicité assez déconcertante, leurs représentations apportent une certaine fraîcheur au paysage théâtral. Avec une écriture originale et drôle, se mettant au service d’une histoire et de personnages plus singuliers les uns que les autres, le tout de façon divertissante et accessible à tous.
L’un des comédiens également metteur en scène de la compagnie, Rémy.S (le point se prononce), a bien voulu répondre à mes questions.
Pourquoi ce nom Chromosome 42 ? Parce que vous avez le jeu dans votre ADN ?
R. (Rémy.S) – Ça aurait pu ! En fait, le « 42 » est une référence à un livre culte de Douglas Adams qui s’appelle Le Guide du voyageur galactique. C’est un livre dans lequel on apprend que la réponse à « pourquoi la vie, pourquoi l’homme, pourquoi l’univers » est… 42. Ça m’a fait tellement rire… ce gag, c’est pour moi LA définition de l’absurde. Coïncidence en plus, une grosse partie de l’équipe vient de la Loire. Nous avons donc décrété que le 42e chromosome serait celui de l’originalité et de l’humour.
Qu’est-ce qui vous a poussé à fonder cette compagnie ?
R. – L’envie d’écrire et de montrer ce que j’écris. Quand on écrit des scénarios ou des pièces, on essaie d’abord de les vendre. Mais faut l’avouer, sans réseau (et quand on débute, on n’a pas de réseau), c’est assez complexe. J’ai monté Le Chromosome 42 parce que j’en avais marre de voir des pièces, des sketchs et des scénarios dans mes tiroirs, et que j’avais envie de les rendre vivants.
Comment avez-vous rencontré les autres membres de votre compagnie ?
R. – Cédric (mon partenaire dans Légendaire) est mon cousin, et notre régisseur, c’est son frère, donc mon cousin aussi. Ça aide. Pour les autres, ça a été un amas de petites rencontres, un hasard à la base, qui devient un coup de cœur… Mais réciproque. Ceux qui travaillent au Chromosome 42 ont eu un coup de cœur pour nos projets, comme nous avons eu un coup de cœur pour leurs talents. Et ils en ont !
Pourquoi Rémy.S comme pseudonyme et pourquoi pas votre véritable nom ?
R. – Un médecin a une blouse blanche, un avocat a une robe, un autre métier a un bureau, un lieu de travail. Ecrire… je le fais partout. J’ai pas vraiment d’endroit ou d’habit derrière lequel je suis « celui qui travaille ». Mon nom de scène, c’est ma blouse blanche. Si on critique mon travail, c’est « Rémy.S » qu’on critique et pas moi. Qui plus est, mon nom est déjà celui de quelqu’un de connu, et j’en avais un peu marre qu’on me demande si j’étais de sa famille.
Ce n’est pas parfois difficile d’allier des univers différents comme le cinéma, le théâtre et parfois le jeu vidéo ?
R. – Le fait de mélanger les genres, c’est un terrain de jeu vraiment énorme. C’est difficile ; certes, ça demande de la rigueur, une régie plus complexe et puis, avec de la projection, nous ne pouvons pas jouer de partout ; mais avec de la vidéo, les décors sont infinis, on peut être deux sur scène, mais avoir d’autres comédiens avec nous, rajouter de l’interactivité… Le résultat est spectaculaire, les spectateurs ne savent plus s’ils regardent un film ou une pièce… Oui, c’est difficile, mais ça vaut le coup.
Vos spectacles sont assez particuliers et changent de ce qu’on peut voir traditionnellement. Aussi, vous ne trouvez pas le théâtre d’aujourd’hui, trop sage et peu audacieux dans les formes présentées ?
R. – Je pense qu’il faut aujourd’hui prendre en compte que la plupart des spectateurs sont des spectateurs de cinéma et de séries. Et que si le théâtre veut s’enlever cette image élitiste de « classique et poussiéreux » ou de « contemporain/je ne comprends pas la pièce que je regarde », il a le devoir de s’inspirer du cinéma ou de la série, deux formes d’arts qui ont moins de 150 ans, mais qui aujourd’hui arrivent bien plus à toucher des spectateurs que le théâtre, qui a plus de 2 000 ans.
Comment avez-vous eu l’idée du spectacle « Légendaire » et de vos autres projets ?
R. – J’ai toujours l’idée de faire des pièces pour ceux qui ne se reconnaissent pas dans le théâtre. Du théâtre pour ceux qui n’aiment pas ça. Légendaire est un thriller écrit comme un film, et souvent les gens en sortaient en disant : « Mais c’est un film ! D’habitude j’aime pas trop le théâtre, mais ça j’aime bien ». Ben, ça nous pousse au Chromosome à chercher à aller encore plus loin dans l’originalité, avec toujours comme leitmotiv : un écran et du cinéma.
Dès lors, est-ce que c’est difficile d’avoir plusieurs casquettes au sein d’une compagnie, vous êtes à la fois comédien et metteur en scène de vos propres spectacles ?
R. – La multiple casquette est tellement compliquée que j’ai décidé de ne plus jouer dans mes créations. À partir du moins de mai, je ne serai plus sur scène au Chromosome 42 pour pouvoir diriger à fond les comédiens. J’ai été comédien avant tout pour m’amuser dans mes créations. Maintenant que la compagnie évolue, je pense qu’elle se portera bien mieux si chaque personne est à sa place. Au Chromosome, la mienne est derrière un stylo à écrire (c’est là mon métier principal) et à mettre en scène ce que j’écris.
Quels sont vos prochains projets ?
R. – Notre pièce L’Histoire du cinéma en 1 h 10 pétante continue de bien tourner, et nous l’emmenons pour la 2e année au Festival OFF d’Avignon, nous serons tous les soirs à 20 h 30 au Roi René. Nous avons toujours notre école de théâtre pour amateurs, « Menteurs en scène ». L’année prochaine, je compte partir sur trois créations : un spectacle jeune public, un spectacle de Noël et l’adaptation d’un roman. Et puis, nous ne sommes jamais à l’abri qu’une prochaine rencontre inspire une nouvelle idée qui sera un nouveau défi. C’est ce que j’aime dans ce métier : il est tellement imprévisible et improbable qu’il en sera toujours passionnant.
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