L’air du temps est à la réflexion, à la déconnexion, à la porte de plusieurs itinéraires. La 28e édition de la Fête du livre de Bron l’a bien compris. Colette, la directrice du festival, confirme que c’est ce qui ressort des tendances littéraires du moment. Dès lors accompagnée de Yann et Lætitia, le trio, le cœur de ce festival si l’on s’en réfère au dire de Lætitia une exposante, nous invite à une immersion de quatre jours autour du Plan B.
Ping-pong un jeudi soir de février
C’est à 20 h 30 à la médiathèque de Bron, qu’il fallait se rendre pour se réchauffer les idées. Mieux valait ne pas être en retard. Il y avait foule, tous voulaient un ticket, ce précieux sésame remis par Rosalita. Tous ne sont pas rentrés. Dernière alternative, le coin bar, petite retransmission, maigre consolation. Quelle tristesse pouvait-on lire sur les visages de ces derniers. Plan B, Collette, directrice du festival de Bron, l’air de rien dans un élan de générosité, invita les gens restants à prendre place au sein de la salle de spectacle dans le plus grand calme. Quelle claque ! Plus de 120 personnes réunis mais ne faisant qu’un. Les deux artistes présents ont parfaitement su hypnotiser la salle. Le lieu pourtant immobile devient mobile et se met à flotter au gré des mots, des notes, des échanges, des silences, et s’agite à chaque applaudissement. Ce n’est pas Véronique, membre de l’organisation, ou encore Clody, une habituée du festival, et François qui vous diront le contraire. Quel ping-pong verbal intéressant. Oui Véronique, il y a de quoi apprécier chez Brigitte Giraud son rapport à des moments quotidiens de notre vie et chez Albin de la Simone son côté héros, même si au premier abord, son physique ne laisse rien paraître. Cet échange fut serré, Clody et François ont notamment relevé la précision dans leurs mots, leurs capacités à retranscrire des émotions. Une belle rencontre entre deux spécialistes qui ont su ravir le public privilégié de cette mise en appétit. Prémisse d’un festival qui s’annonce haut en couleur.
Tout se met en place
Une belle nappe rouge, une variété de livres impressionnante. Tout doit être rangé, classé avant l’arrivée des premiers visiteurs. Du côté du stand de la Maison de la Presse de Bron, on y retrouve Laetitia, les livres y ont été classés par thématiques et les livres des auteurs présents ont été relayés en bout de table. Tout a été pensé pour minimiser la perte de temps. Laetitia est une passionnée comme tous les exposants ici, ils partagent son désir de faire lire le plus grand nombre et de les rendre heureux. Côté coulisse même combat, on peaufine les derniers détails, l’éclairage, le son, les places assises et le personnel. Il y a un sens, un sourire, une âme derrière tout cela, Collette, la directrice du festival, tout au long duquel on retrouvera le visage se fondant dans la masse. La Fête du livre, c’est son bébé, son plaisir et le vôtre, vous êtes le centre de son attention, c’est contagieux mais très plaisant.
L’hippodrome prit d’assaut
André qui se dit vieux râleur a déploré le manque d’indications sur des affiches publicitaires plus que présentes, mais est malgré cela arrivé à bon port et ce ne fut pas le seul. Durant trois jours, l’hippodrome de Parilly a été littéralement pris d’assaut. Pour beaucoup se fut leur première Fête du livre de Bron, comme Sylvie qui a délaissé sa librairie de quartier quelle affectionne, la faute en revient à la présence de très bons auteurs. La faute également à un thème qui a su attirer l’audience des plus curieux, qu’ils soient lecteurs ou non, jeunes ou âgés. Tous s’y sont croisés.
Beaucoup ayant le même réflexe, attraper un livre, l’ouvrir, le feuilleter et pour finir pourquoi pas l’acheter. Comme Sylvie ou encore le petit Lucas de 9 ans et demi que l’on a retrouvé à l’écart de la foule en pleine lecture, une de ses activités favorites qu’il exerce en classe ou pendant son temps libre. Des choses à faire, à voir, il y en avait, un petit coup d’œil sur la programmation était le bienvenu. De quoi éviter les longues files d’attente aux différents stands. Sinon, on pouvait se rendre en salle des parieurs ou braver les 61 marches qui menaient aux salles panoramiques 1 et 2. Un bon moyen d’interagir avec les différents auteurs présents.
Pour les enfants, il y avait l’espace jeunesse, un lieu où on pouvait se retrouver autour d’une table pour jouer avec ses petits, participer à des ateliers découverts, lire des bouquins et où se rendre à des spectacles. Mais tout cela laisse des traces, et rien ne vaut un bon repas, un bon verre ou un moment détente pour d’autres pour reprendre des forces. Ainsi s’est animé l’hippodrome de Parilly pendant trois jours. Un croisement ininterrompu entre les arrivants, les partants et les déplacements internes.
L’agitation finit par cesser, l’heure est au retour, à la destination d’un nouvel itinéraire. Ce Plan B qui nous était proposé fut loin de nous déplaire. Une bonne programmation réalisée par Yann, le responsable depuis six ans. Des artistes accessibles et très simples, à l’image de Brigitte Giraud, ancienne chargée de production de la Fête du livre de Bron, qui nous avait régalés lors d’un match de ping-pong de haute volée, match où elle se sentait angoissée par le fait de jouer devant un public familier. Match quelle réitérera dans d’autres villes.
Les portes se ferment et on peut dire que le trio a réussi sa mission. Le bébé de Colette a bien grandi et il fédère de plus en plus de monde. Monde qui doit maintenant s’en aller. Demain, pour eux, sera un autre jour, mais demain annoncera également une nouvelle édition de la Fête du livre de Bron, donc rendez-vous à la 29e.