Qui a dit que le phénomène « emo » était enterré ? Issu des quartiers punk de Washington, ce diminutif « d’emotive » a pris son envol lors de la dernière décennie. Définissant un style et une façon de penser, il est surtout un sujet de controverse en termes musicaux. Pour fêter ses dix ans, Emodays production a offert à son public deux soirées de concerts exceptionnels. Fédérant autour de lui de nombreux amateurs de la scène punk hardcore, le mini-festival s’est déroulé les 2 et 3 juin derniers. Retour sur un anniversaire endiablé.
Emocore et violence
Le dimanche soir est entièrement dédié à la scène emocore. Et ce sont des isérois qui ont l’honneur d’ouvrir les festivités, avec le groupe FIVE ACROSS THE EYES. Héritiers des anciens UNDYING LINES, le quintette vient défendre son EP sortie le 1er mars dernier. Le son metalcore délivré avec force par les garçons fracassent d’entrée l’attente du public gonflé à bloc. Le single « Come With Me » n’y est pas pour rien. S’ensuit SHOOT THE GIRL FIRST, au son qui se distingue par une nouvelle mouvance appelée électro-core. L’objectif est réussi et le public très réactif, les pogo sont de sortis ! La voix puissante de Nathan transcende, bien que les regards convergent vers la belle Julie. C’est alors au tour de FALLASTER de débarquer, avec son dernier jet baptisé « Disclosing ». Le set, ultra efficace, fait résonner la salle du Kao dans chaque recoin. Les Lyonnais sont chez eux et ils le montrent avec une grande prestance scénique. Le tube « What We Are Here For » fait hurler le public, comblé et gonflé à bloc. Le moment opportun pour l’apparition des CHUNK! NO, CAPTAIN CHUNK! et son hardcore mélodique. L’easycore du quintette enchante l’assistance qui n’en finit plus de se bousculer aux hurlements de Bertrand et Paul. Mais celle-ci est impatiente car la tête d’affiche, énorme, se rapproche. Lorsque SENSES FAIL entre en scène c’est la folie. L’assemblée devient folle et ça pogote dans tous les sens. Il faut dire que le groupe américain assure le show. Leur album « Renacer » est sur scène une véritable tuerie. Le post-harcore est au summum de son art, oscillant entre violence gratuite et mélodies apaisantes. La salle est un four lorsque le concert se termine, mais les sourires et les applaudissements du public interminables montrent une salle comblée. Preuve que le mouvement emo n’est pas mort, et que de beaux jours sont encore à prévoir pour cette parade noire.
Pop-Punk et douceur
Le lendemain, c’est une foule différente mais tout aussi excitée qui se présente à la salle du Kao. La tête d’affiche, ALL TIME LOW, est d’une extrême rareté en France. Ces groupes américains, à la manière de BLINK-182, ne passe que lors de grands festivals. On comprend pourquoi l’assistance se fait aussi impatiente. La soirée commence avec le délicat pop-rock sucré des HOME MOST DAYS, jeune groupe parisien. Ici pour défendre leur EP « Life In A Lighthouse », le quartette est notamment connu pour sa reprise de NADA SURF, « Always Love ». Pas de surprise dans le set, tout y passe et notamment la dansante « Between The Stars » qui réussit son petit effet. Mais l’assistance n’est pas encore très chaude, et l’atmosphère reste moins excitée que la veille. C’est au tour des fameux MARY HAS A GUN d’entrer en scène. Le pop-punk version « french touch » fait tout de suite son effet ! La sauce passe à merveille entre Léo et l’assemblée, qui assure son rôle de leader à 200%. Puissance, originalité et mélodies efficaces sont au rendez-vous. Au final, leurs textes, sensés, et chantés principalement en français, forgent leur force en live. MARY HAS A GUN place la barre très haut ce soir, dans un style que l’on pensait réservé à la langue de Shakespeare. Un petit coup de coeur pour ces cinq garçons. Néanmoins, il est temps de passer aux choses sérieuses avec les américains d’ALL TIME LOW. Et dès les premiers accords de « Weightless », « Somewhere In Neverland » ou encore « Dear Maria, Count Me In» c’est la folie qui s’empare de l’audience ! Les surnommés « NeverReck » nous impressionnent de solidité dans leurs compositions et de prestance. Les nombreuses dames présentent ce soir sont toutes hystériques des sourires en coin du chanteur Alex Gaskarth. Bien que le set se compose principalement des derniers tubes de l’album « Don’t Panic », on apprécie retrouver quelques perles de « Nothing Personal », voire de leurs premiers albums comme « So Wrong, It’s Right ». Sa place de tête d’affiche est loin d’être déméritée, ils sont ce soir les rois du pop-punk.
Au final, ces deux soirs ont été chahutés entre violence et douceur, le tout allié à un public présent et enthousiaste. Certains iront même fêter ça jusqu’au petit matin à l’Ayers. C’est un festival réussi, et les bougies ont été soufflées avec grâce.