Depuis 10 ans, l’événement s’est fait rituel. Et petit à petit, le festival est devenu moment capital de la vie cinématographique et culturelle française. Retour rapide sur cette édition 2019, qui a mis à l’honneur Francis Ford Coppola.
Les grands moments
Comme tout bon festival, celui-ci commence avec une grandiose cérémonie. Pas de silence guindé ou de petit comité de chics types. Les Lyonnais sont tous invités. Bien sûr, c’est un drôle de moment quand près de 5000 personnes se retrouvent pour couper un ruban et voir un film ensemble. Mais que ce soit pour l’ouverture ou la clôture, le public et l’ambiance sont bien là. Et surtout, des regards de petits et grands cinéphiles scannent la foule à la recherche d’une star, d’un visage connu à garder en mémoire. À 17 ans, le soir de la première édition, j’avais le souffle court, et aucun autre festival ne m’aurait permis cette sensation. Cette année à l’ouverture, La Belle Époque de Nicolas Bedos, dans le cadre d’un hommage à Daniel Auteuil. Pour une immense fête du cinéma de patrimoine, c’est une programmation un peu 2019, mais pourquoi pas.
Communion et fauteuils rouges
Et c’est cet aspect de communion, de vraie gourmandise, qui est reconnaissable dans le festival. Reconnaissable et attendu. Les anthologies, par exemple cette année Forbidden Hollywood qui remettait à l’honneur de remarquables films censurés et parfois oubliés, les nuits et les séances spéciales… Voilà l’atout majeur de Lumière. Quand la halle Tony Garnier regarde Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre comme dans un vulgaire salon, quand une tripotée de fans de Bong Joon-ho se font trois films tous ensemble… Le cinéma est fait pour être partagé. Vraiment partagé.
Pédagogie et marché pro
Deux choses frappent au fur et à mesure des éditions du festival. Tout d’abord, les salles sont de plus en plus remplies. En 2019, 10 % d’augmentation de ventes de billets. Plus de jeunes, aussi, se sont procuré l’accréditation qui leur est proposée. Le public hallucine de recevoir Frances McDormand, Donald Sutherland ou Gael García Bernal, et de pouvoir partir à la rencontre de leurs œuvres hors compétition.
Et l’on se rend compte alors que tout cinéphile capable de transmettre son regard sur un film est le bienvenu. Et qu’il y a une vraie demande de sauvegarde et de partage du patrimoine, à la croisée des spectateurs. Les pros du cinéma classique, les amateurs de grands films obscurs et ceux qui préfèrent des paillettes.
Qu’imaginer pour la suite ?
Quel que soit le rôle que l’on tient dans ce festival, il reste des médias moins explorés, des zones où aller chercher dans le futur. On pourrait rendre le festival encore plus immersif. Le village du festival est pour l’heure la grande boutique Lumière. Goodies, DVD, bar. Son inauguration n’est pas aussi forte et attachante que les autres temps forts du festival, et c’est dommage. Même si les signatures, les concerts qui y ont lieu, et les objets culturels que l’on y trouve sont parfaitement importants, on peut s’imaginer des ateliers, des performances… Pourquoi pas ? Pourquoi ne pas aller chercher dans encore plus de surprises et d’exigence ? Même chose pour La Plateforme, qui pourrait devenir un vrai village de nuit. On a peut-être beaucoup d’imagination, mais c’est sûrement qu’on a hâte de voir la suite !