Implantées depuis différentes époques, les statues de la ville participent grandement à la construction de l’identité du patrimoine lyonnais. Leur grande variété raconte la richesse de la diversité culturelle de Lyon.
La richesse culturelle lyonnaise doit une place signifiante à son patrimoine monumental. Les statues de Lyon permettent de réunir les sociétés autour d’œuvres historiques et artistiques. Certaines des sculptures datent du 17e siècle, d’autres, plus récentes, du 20e, mais toutes racontent une histoire. Elles permettent de mieux comprendre l’identité culturelle de la Ville Lumière. Les statues créent aussi un véritable lien entre chaque époque et chaque population. Penchons-nous sur l’historique de ces œuvres pour en apprécier davantage la valeur.
Les deux statues de Louis XIV sur la place Bellecour
Lors d’une visite du roi Louis XIV à Lyon en 1658, celui-ci découvre le charme de la place Bellecour. Il décide alors d’en faire une place royale. En 1686, le consulat de la ville décide donc d’édifier une statue équestre en l’honneur du roi. En 1694, le sculpteur parisien Martin Desjardins réalise la première sculpture du Roi-Soleil. Faute de finances pour le transport, la statue arrive à Lyon seulement en 1701. Elle finira par être inaugurée le 28 décembre 1713, deux ans avant la mort du roi. Elle prend dès lors une place dans la vie des Lyonnais qui découvrent pour la première fois leur roi.
L’idole monarchique sera détruite à la fin du siècle. Dans un contexte de Révolution française, un décret de l’Assemblée législative impose la destruction des effigies royales. Le 11 août 1792, la statue sera alors démantelée. Le bronze de la statue aurait fait peut-être l’objet d’un canon, mais ce ne sont que des hypothèses.
Plus tard, lors de la Restauration, l’envie de retrouver la statue de Louis XIV est présente dans le cœur des Lyonnais. Ceux-ci considérant la statue initiale comme un chef-d’œuvre souhaitent la voir à nouveau. La Ville décide alors en 1825 d’en commander une nouvelle au sculpteur lyonnais François Frédéric Lemot. La statue actuelle a donc été inaugurée le 6 novembre 1825. Or, contrairement au fantasme sur le destin du sculpteur, celui-ci ne s’est pas suicidé à cause de la selle ou des étriers oubliés, puisque la monture de Louis XIV est « à la romaine ».
Aujourd’hui encore, la statue du Roi-Soleil reste un emblème de la place Bellecour. Elle nourrit les mythes de l’histoire de la ville et rappelle l’époque de la monarchie.
La littérature lyonnaise exprimée par la statue de Saint-Exupéry
La place Bellecour accueille aussi la statue haut perchée de Saint-Exupéry. Véritable figure littéraire française, Antoine de Saint-Exupéry, né à Lyon en 1900, est édifié dans le bronze au côté du Petit Prince. Tous deux assis en haut d’une colonne de marbre blanc donnent de la résonance à la littérature lyonnaise et à la portée de l’œuvre de l’aviateur. La colonne de cinq mètres et demi et de sept tonnes permet aux héros d’être à la portée du ciel et d’observer les passants. La statue a été réalisée à l’initiative de Franck Béjat, par l’artiste lyonnaise Christiane Guillaubey, et offerte à la Ville de Lyon le 29 juin 2000 par le comité Saint-Ex 2000.
L’emblématique fontaine Bartholdi
Installée en 1891, la fontaine de la place des Terreaux est une œuvre d’Auguste Bartholdi. La Ville de Lyon l’acquit en 1889 à l’occasion de l’Exposition universelle. Depuis 1992, la fontaine au centre de la place est classée monument historique. Emblème du patrimoine lyonnais, elle a fait l’objet d’une restauration totale terminée en 2018. La rénovation lui a donné une seconde vie plus de 120 ans après son inauguration. L’auteur de l’œuvre est aussi celui de la statue de la Liberté de New York et du lion de Belfort.
La fontaine représente la France par la figure de Marianne et les quatre fleuves par celles des chevaux. Cette œuvre réaliste et dynamique pèse au total 360 tonnes, fait 4,85 mètres de haut, neuf d’envergure et quinze de diamètre. C’est donc cette somptueuse installation qui donne à la ville une réelle plus-value.
Les statues du jardin du palais Saint-Pierre
Le musée des Beaux-Arts possède dans sa collection une grande diversité de statues. Certaines sont sublimées dans le jardin du musée. Au milieu des parterres de fleurs, sous les branchages et les arbres, l’ensemble des sculptures de bronze crée une ambiance apaisante, pourtant dans le centre-ville. Malgré la beauté de toutes les œuvres, deux d’entre elles se démarquent. Il s’agit de L’Âge d’airain datant de 1876 et de L’Ombre datant de 1905, créées par A. Rodin. Plus loin, sous la galerie ouest, deux sculptures en marbre, Castalie de E. Guillaume ainsi que Gilliatt et la pieuvre de J. Carlier, élèvent encore le niveau des œuvres du musée.
Au total, le département des sculptures du musée des Beaux-Arts de Lyon conserve 1300 sculptures en pierre, bronze, marbre, plâtre, bois et autres matériaux. Les œuvres permettent de mettre en relief dans la ville de Lyon les différents arts du Moyen Âge et de la Renaissance.
Les secrets des statues de la cathédrale Saint-Jean
La cathédrale Saint-Jean est un véritable lieu de passage dans la ville. Néanmoins, les sculptures de celle-ci comptent encore quelques secrets peu dévoilés. Les médaillons présents sur la façade constituent 300 petites sculptures carrées illustrant officiellement divers épisodes de l’Ancien et du Nouveau Testament. Pourtant, certains y voient des représentations du livre du Grand Œuvre. Pour les alchimistes, ce livre est celui de la réalisation de la pierre philosophale pouvant guérir les maladies ou encore prolonger la vie. L’interprétation de ces médaillons reste très difficile, malgré leur bon état de conservation. L’intérêt pour les sculptures est alors mystérieux et demeure mythique.
En hauteur, les gargouilles représentent des personnages grotesques. Caractéristiques de l’art gothique, ces sculptures permettent l’évacuation de l’eau de pluie. Quant à celles qui ne possèdent pas cette utilité, il s’agit alors de chimères. Remontant à l’Antiquité grecque, leur objectif est apotropaïque, autrement dit elles détournent le mal pour protéger l’édifice. Ces créatures fantastiques constituent donc des mythes religieux gardant une allure très artistique. Enfin, certaines des statues de saints de la façade ont la tête coupée. Cette surprenante particularité n’est visible que si on y prête une grande attention.
Lyon accueille une immensité de statues aux histoires encore à découvrir. Une fois découvertes, le regard que nous pouvons porter à leur égard est davantage sublimé.