Du 28 mai au 2 juin, l’intégralité de la ville de Lyon a vécu au rythme des Nuits sonores. Pour sa 17e édition, le festival de musique (électronique, mais pas que) se pare de ses plus beaux atours pour séduire… à peu près tout le monde.
Si cette édition 2019 devait être résumée en un mot, ce serait « immense ». Immenses, les anciennes usines Fagor Brandt où avaient lieu les nuits. Immense, le talent des artistes – célèbres comme moins connus – invités sur le festival. Immense, cette capacité à créer des ponts entre les styles (artistiques, musicaux), les personnes (au travers de réflexions communes), les endroits de la ville, les générations. Au lendemain des élections européennes, le terme « rassemblement » aurait pu sonner comme une mauvaise nouvelle. Mais les Nuits sonores ont réussi à faire changer ce mot de consonance.
Les jours, un high five
Au sud de Confluence, la station Mue accueille la toute jeune génération pour Mini sonore. Loin de la circulation du centre-ville, les enfants peuvent évoluer dans des structures en bois tout à leur mesure, avec des animations qui leur sont dédiées.
Juste derrière, à l’European Lab Camp, les décideurs et activistes d’hier et de demain débattent de l’Europe (The Day After – Européennes, le grand décryptage, jeudi 30 mai), des moyens d’agissement (Please Disobey! – Les nouveaux activismes, vendredi 31 mai), et rêvent aussi (Fiction for Future – La fiction sauvera le monde, samedi 1er juin). Des conférences autour de problématiques actuelles avec des invités de marque qui ont, parfois, suscité des débats vigoureux propices à la réflexion et à l’émulation intellectuelle.
Pendant ce temps, au Sucre et à La Sucrière, se déroulent les NS Days. A Day with… propose de passer le début de la soirée avec des artistes incarnant le projet Nuits sonores. Loin d’un simple échauffement, c’est un concentré de talents concocté pour cette édition. Bonobo ouvre le bal : roi du trip-hop anglais, son set aux sonorités éclectiques donne le ton immédiatement. Le lendemain, Peggy Gou – qui avait participé au Closing Day l’année précédente – vient confirmer son statut de reine de la house. Maceo Plex a fait planer les spectateurs du samedi, avec une musique dansante et sensuelle ; enfin, l’Allemande Lena Willikens clôt les NS Days en beauté, tenant ses promesses de chirurgienne de la platine. De quoi apprécier ces journées, avant de se préparer pour les nuits…
Les Nuits sont d’or
Et quelles nuits : aux usines Fagor Brandt, le ton est donné dès l’entrée. Une énorme boule disco juchée au milieu des entrepôts devenus lieux de fête reflète les lumières sur le sol et les murs. À cet endroit, les musiques se mêlent, les festivaliers se croisent dans une atmosphère hors du temps.
La programmation avait de quoi attirer tout un chacun : si l’on retrouve les grands de l’électro (qui ont par ailleurs livré des shows assez incroyables) comme The Black Madonna, Laurent Garnier, les amateurs de pop n’étaient pas en reste puisque Charlotte Gainsbourg, Flavien Berger ou encore James Blake ont assuré le début de soirée. Pour les plus téméraires, I Hate Models a livré un set remarquable lors de la première nuit, plaçant la barre assez haute. Et si l’on s’attendait à se reposer durant le Closing Day, c’était sans compter sur les basses de Vitalic et l’énergie de Tale Of Us.
17 ans : l’âge de raison ?
Du côté de l’organisation, le festival doit faire pâlir d’envie d’autres événements du même type. Les (nombreux) bénévoles sont compétents et joviaux. Les food trucks et bars présents proposent de quoi se nourrir et se rafraîchir à un prix décent (disons classique pour un festival). Les lieux, pour la plupart d’anciennes friches industrielles, sont propres, et des petites attentions écologiques en accord avec l’esprit du festival parsèment les places. Les Nuits sonores 2019 innovent également cette année en matière de prévention d’usage de substances illicites, en mettant en place des dispositifs permettant de limiter les risques lors de la consommation de drogues comme les kits « Roule ta paille ».
D’après un article de Trax Magazine, une sexologue a même tenté de « mesurer le potentiel orgasmique des concerts ». Si les résultats de l’étude ne sont pas connus à ce jour, une chose est sûre : on ressort des Nuits sonores avec une satisfaction débordante.