Simple buzz ou nouvelle mode adolescente ? Le phénomène Spotted importé des Etats-Unis, se répand de plus en plus dans les universités françaises. De Paris à Lyon, impossible de le manquer, la faute aux nombreuses pages Facebook dédiées à chaque école. Le mot provient de la série télévisée américaine Gossip Girl, qui débute toutes ses rumeurs par cette expression pour terminer ses monologues. Sur les réseaux sociaux, le mot est traduit par « repéré ». Explication de ce mouvement pas comme les autres.
Un concept touche-partout
En une phrase, voici comment nous pouvons décrire cette tendance : un véritable annuaire pour les célibataires de l’université. L’idée provient des campus américains, et consiste à raconter anonymement un coup de foudre sur le vif. Chez l’Oncle Sam, on appelle ça le « crush time ». Le principe est de découvrir ensuite de qui la personne parle; soit pour créer l’enthousiasme général, soit celui de l’intéressé ou tout simplement pour se faire remarquer. A l’aube d’une société où la reconnaissance de soi prime sur les autres règles universitaires, et où le besoin d’émancipation est très fort, il est facile de comprendre pourquoi de nombreux jeunes y participent. Les réseaux sociaux ont en outre facilement démocratiser l’application : il suffit d’envoyer un message à la personne qui gère la page Facebook, et celle-ci se chargera de le publier. Bien que la tendance continue de s’étendre ces dernières semaines, les chiffres restent très éloignés du nombre de partage et de « like » aux Etats-Unis. « Spotted » gagne en notoriété et commence même à se développer dans des endroits insolites. Tout d’abord les fast-food : Mac Donald, Subway, Domino’s sont des cibles touchées. Rencontrer l’amour pendant la pause déjeuner, pourquoi pas ? Vient ensuite les transports tels que la Régie Autonome des Transports Parisiens (RATP), ou les Transports en Communs Lyonnais (TCL), et les coups d’yeux malices et complices dans le métro. Les potentiels flirt peuvent venir d’une salle de concert, d’un coin très fréquenté ou même de votre quartier. En somme, tout ce qui est matière à rencontre peut se transformer en page « Spotted », même votre kebab du coin.
Un phénomène de drague controversé
La question de vie privée et de confiance vis-à-vis du locuteur pose cependant toujours problème. Ce dernier connaît en effet l’identité de l’émetteur de la déclaration. Une histoire de flirt qui pourrait se finir devant le juge pour violation de vie privée, et l’éternelle remise en question de la confidentialité des réseaux sociaux sont les deux principales protestations qu’on peut reprocher à cet engouement. En effet, certains administrateurs commencent déjà à dépasser les limites. A l’inverse des déclarations amoureuses, certains en profitent pour lancer des séries d’insultes, toujours anonymement, telles que des blagues racistes au autres injures. Ces derniers oublient que les personnes visées peuvent se sentir blessées, surtout qu’il est impossible de définir l’identité du locuteur et que ce dernier devient Mr tout-le-monde. Autant dire que de nombreuses tensions apparaissent au sein des établissements. Un nouvel effort de conscientisation des élèves est nécessaire auprès des professeurs afin de les écarter de cette voie. Au niveau du collège notamment, où les insultes sont les plus proférées. Pour exemple, à Montpellier est apparu la page « Spotted Injures », où le principe de départ est complètement retourné à l’envers.
Toutes les universités lyonnaises ont le droit à leur Spotted, qu’elles soient privées ou publiques.