La Maison de la danse ne déçoit jamais. Telle fût ma pensée en sortant d’une des représentations données du 17 au 24 octobre du dernier spectacle de la compagnie Cirkus Cirkör. Celle-ci témoigne dans « Limits » de l’immigration en y portant un regard poétique et bouleversant sans toutefois tomber dans le pathos.
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Une vision de l’immigration d’une justesse bouleversante
Les conversations s’éteignent, la lumière s’affaiblit. Le silence comme signal. Le spectacle peut commencer. Il s’ouvre sur une scène onirique entre mer et ciel qui nous plonge dans un univers poétique et militant. Le thème est lancé en un hommage donné aux dizaines de milliers d’individus en quête d’un avenir meilleur noyés en mer. Un hommage à ceux qui repoussent les frontières, qui repoussent leurs propres limites. Limits questionne ce à quoi on se raccroche, ce qui nous fait prendre le risque de perdre la vie pour une autre vie, l’espoir, et rappelle son universalité.
Des phrases courtes, des mots simples, une justesse bouleversante : les artistes nous livrent des récits de leurs propres parcours. Témoignent aussi des chiffres relatifs au nombre d’expulsés, de noyés, d’enfants livrés à eux-mêmes, en France ou ailleurs, par an, par mois, par jour, toujours plus assourdissants.
L’espoir transcendant la tragédie
Toutefois, le constat de cette tragédie n’étouffe pas tout optimisme, puisque espoir il y a. Cela se retranscrit dans la vivacité des couleurs qu’exposent les différentes scènes, l’explosivité des artistes, l’énergie de la musicienne et chanteuse qui, sur scène, les accompagne et les porte. Les acrobates, joueurs, établissent également une relation bienveillante avec le public, s’adressant à lui avec complicité comme si le spectacle était adressé à chacun d’entre nous, dans notre singularité. C’est pourquoi chaque représentation doit être différente. Et si cette énergie débordante s’exacerbe quelques fois dans une succession de petits numéros maladroits, c’est aussi que la compagnie s’efforce de proposer des prouesses atypiques.
Un dispositif original
Ces prouesses sont notamment permises par un dispositif scénique comme je n’en avais jamais vu, magnifié par des projections numériques. Un même élément de décor imposant se métamorphose au fil des scènes, tantôt prenant part à une ville en ruines, tantôt abritant un refuge, mettant à terre ou permettant de rebondir.
Les numéros sont tout autant singuliers : jonglage musical hilarant, trampoline caché surprenant toujours, ou cerceau taille humaine encore peu vu, offrant un instant suspendu, un instant de grâce. Sublime.
Et au final, persiste le même message qui s’amplifie, qui s’épanouit auprès d’un public l’accueillant à bras ouverts, ce message qui se résume en un mot final se suffisant à lui-même : « Welcome ». Car ce que l’on retient, c’est cet espoir, cette lueur humaniste qui ne pourra réellement s’effacer, pas tant que l’on continuera de se rendre à des spectacles engagés et qu’ils continueront de recevoir une telle ovation.