Passé maître dans l’art de l’humour pipi-caca, du cynisme de bas étage et du clin d’oeil appuyé au spectateur depuis des années, difficile d’attendre quelque chose d’intelligent du studio d’animation de Dreamworks (Shrek…) qui a toujours autant peiné à rattrapper ses concurrents de chez Pixar. Et ce, jusqu’en 2010 où le studio a sorti le formidable Dragons. Et depuis, plus rien d’intéressant. Pourtant, cette année sort Les Cinq Légendes, et c’est une nouvelle réussite pour le studio.
En soi, inutile de chercher bien loin la raison de la réussite en question puisque Guillermo Del Toro a fait office de conseiller artistique sur le projet. L’apport du cinéaste hispanique saute aux yeux dans la façon dont l’univers fantastique est dépeint, certes, mais surtout par la caractérisation des personnages. Chacun a droit a un traitement approfondi, et l’on voit que, comme dans les films du cinéaste, il y a un véritable attachement pour ses créatures surnaturelle, en l’occurence le lapin de Pâques, Jack Frost (le héros), le père noël, le marchand de sable, la fée des dents et même pour le croque-mitaine, pourtant méchant du film.
Au delà du traitement des personnages, la quasi-absence d’humour et la puissance évocatrice du récit initiatique de Jack Frost emporte l’adhésion aisément, d’autant que le choix même des personnages donne au récit des attraits purement mythologiques. Ce qui, avouons-le, ne vaudrait rien s’ils n’étaient pas soulignés par une réalisation dynamique et sachant les mettre en valeur par le réalisateur Peter Ramsey, bien souvent sous l’influence des Spider-man de Sam Raimi. Mais c’est peut-être également de cette réalisation que vient le seul aspect négatif du film, car à force de vouloir trop en faire avec ces mouvements de caméras complexes, Peter Ramsey ne laisse finalement que peu de place à l’émotionnel, là où il ne demanderait qu’à exploser tant certains aspects du récit sont sombres (le passé de Jack Frost entre autres). Au final, on a parfois plus l’impression d’assister à une démonstration de savoir-faire qu’à un véritable film, aussi bien soit-il.
Reste un spectacle étonnant renforcé par une 3D immersive qui n’est jamais infantilisant. Et c’est tout ce qu’on lui demande.