Le musée Urbain Tony Garnier, situé dans le 8e arrondissement de Lyon, met en avant le travail de l’architecte lyonnais dans la construction du quartier des Etats-Unis. Il a été réalisé à la demande des habitants du quartier, en collaboration avec Grand Lyon Habitat, pour rendre hommage à Tony Garnier. Le public est invité à déambuler dans ce musée à ciel ouvert pour s’imprégner de l’architecture et de l’histoire du quartier grâce aux murs peints. [Article web en-dessous de la vidéo]
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Des murs qui nous racontent l’histoire d’un quartier
Le musée est constitué de 25 façades d’immeubles peintes accessibles à tous et disséminées dans tout le quartier des États-Unis. La visite se fait sous la forme d’une déambulation dans le quartier pour appréhender son architecture. Ces façades nous racontent l’histoire de la construction du quartier, né de l’imagination de Tony Garnier. La visite nous permet de nous replacer dans le contexte des années 1930 et de comprendre l’innovation que représentait ce projet architectural. Le musée Urbain Tony Garnier n’est pas le seul musée à ciel ouvert en France. On compte notamment le musée de la Défense à Paris et le MaCO de Sète. Cependant, le concept demeure peu répandu et le musée Tony Garnier est un exemple réussi.
Un musée pour rendre hommage à un pionner de l’architecture moderne
Tony Garnier, architecte lyonnais né à la Croix Rousse en 1869, a été formé à l’école des Beaux-Arts de Lyon puis à la Villa Médicis suite à l’obtention du Prix de Rome en 1899. Il est un des pionniers de l’architecture moderne et est à l’origine du concept « d’utopie urbanistique ». Ses ensembles sont conçus comme des petites cités idéales dans lesquelles les habitants ont accès à toutes les activités dont ils ont besoin. La réflexion architecturale de Tony Garnier est également basée sur la séparation des fonctions urbaines. Cet aspect est visible dans le quartier des États-Unis puisque les habitations sont à l’écart du reste des activités comme les hauts fourneaux et l’hôpital.
Le travail de Garnier est très lié à la ville de Lyon, notamment grâce au maire Édouard Herriot qui lui confia l’essentiel des grands travaux de son mandat. On pense notamment au stade de Gerland ou aux Abattoirs de la Mouche (la fameuse Halle Tony Garnier, depuis sa reconversion en 1988). Le travail de Tony Garnier a donc marqué profondément l’histoire de l’architecture et de la ville de Lyon et c’est pour cela que le musée Urbain lui rend hommage.
Rendre la vie des ouvriers plus agréable grâce à l’architecture du quartier
La mission de Tony Garnier lors de la réalisation du quartier des États-Unis était de construire, à la demande du maire Édouard Herriot, un quartier ouvrier autour duquel les industries pourraient s’installer. Le quartier est composé d’habitations individuelles et collectives mais aussi d’une école primaire et d’un hôpital. De plus, le quartier était relié au reste de l’agglomération par le tramway et le chemin de fer. Au fil de la visite, on comprend que l’objectif premier de l’architecte n’était pas seulement de construire des habitations mais aussi de rendre la vie des ouvriers plus agréable.
Un appartement témoin à l’image d’un habitat ouvrier luxueux
La visite comprend également la découverte d’un appartement témoin qui a été conservé dans les conditions des appartements du projet d’origine des années 1930. Disposant de l’eau courante, du gaz et de toilettes privatives, les logements imaginés par Tony Garnier constituaient un véritable luxe pour les ouvriers. Grâce à cet appartement, on comprend que l’objectif de Tony Garnier n’était pas uniquement de loger les ouvriers mais d’améliorer la vie des habitants du quartier.
Au-delà de la cité idéale de Tony Garnier
L’originalité du musée réside dans le fait que le concert de cité idéale ait été élargi dans une perspective internationale. En plus des murs peints retraçant l’histoire du quartier des États-Unis, six artistes contemporains issus des six continents ont pu représenter leur cité idéale. Cette initiative est particulièrement intéressante car elle permet de comprendre que les valeurs et les cultures sont intrinsèquement inscrites dans l’urbanisme des villes. Ainsi, chaque cité idéale est très différente et correspond aux visions de chacun des artistes. De plus, ces murs sont très beaux visuellement et confèrent au quartier une esthétique particulière. En effet, il n’est pas commun de se retrouver face à Anubis et Périclès au détour d’une rue de Lyon !
De l’importance de l’urbanisme
Le musée Tony Garnier met en avant l’importance de l’urbanisme d’une ville dans la vie des habitants. On comprend que le projet de l’architecte lyonnais s’inscrit dans la volonté de rendre les villes des années 1930 plus humaines. Le bien-être des habitants est mis au cœur de la conception du quartier des États-Unis. Réalisé à la demande des habitants, le musée montre la fierté qu’éprouvent les habitants en ce qui concerne leur quartier. Ainsi, grâce au musée, ils ont cherché à le mettre en valeur. Cette ré-appropriation du quartier par ses habitants ne démontre-t-elle pas que le pari de Tony Garnier a été atteint ?
Un projet de rénovation des fresques
Pour continuer à faire vivre cet idéal, le bailleur social Grand Lyon Habitat a lancé fin 2016 un projet de réhabilitation des 1542 logements de la Cité Tony Garnier. Les 24 fresques du musée seront également rénovés à cette occasion entre 2017 et 2020. Certains murs seront repeints à l’identique, mais plus d’un tiers vont être repensés pour remédier aux redondances entre certaines images. Un projet qui coïncide avec la création de la nouvelle ligne de tramway T6. L’occasion donc de découvrir ou re-découvrir le travail de Tony Garnier et le quartier des États-Unis !