Une dernière carte postale, toujours pour célébrer le voyage, avant de retourner en région lyonnaise. Cette fois-ci d’Europe, d’un petit village autrichien non loin de la frontière Suisse, en deux lettres : « Au ».
L’Autriche est sans aucun doute la destination idéale pour tous les amoureux de la nature. Au est situé au fond d’une vallée surplombée par de hauts sommets. Ce sont de belles montagnes recouvertes de forêts, dont la teinte noire contraste avec le vert lumineux des collines. Étonnantes par leur diversité, toutes épousent des formes différentes. À certains endroits, en contrebas, la roche se sépare nettement en deux, laissant apparaître chacune de ses composantes… des couches qui se superposent comme un mille-feuille. Au sommet, des falaises où les sapins s’accrochent désespérément, sans peur du vide. Quand la nuit tombe, un silence pesant s’installe. Telle l’ombre d’effroyables géants, les montagnes deviennent menaçantes.
Le temps est instable, un vent chaud souffle les jours de soleil et, ceux de pluies, de gros cumulus bouchent l’horizon. Un brouillard alors épais entoure les monts. Avec un peu de chance, un rayon de soleil traverse parfois le ciel pour éclairer, un instant, un chalet perché en haut d’une colline.
Une multitude de chutes naissent de la fonte des neiges. L’eau dévale les pentes avec frénésie pour finir par se perdre au fond de la vallée. Celle-ci est traversée de part et d’autre par une rivière qui s’étend sur des kilomètres comme un tapis rouge sans fin. L’eau est claire, et sa couleur bleu-gris trahit sa fraîcheur. En prenant garde que notre ombre ne se projette sur le torrent, on peut observer des truites en quantité, qui frétillent près d’un rocher, au creux d’un remous. Il y a peu de pêcheurs, davantage de marcheurs. Chaque autrichien semble avoir une paire de chaussure de marche dans son placard. Le long des chemins, des fontaines et des bancs par dizaine, même à très haute altitude, pour qui veut s’arrêter un instant contempler le paysage…
L’été c’est aussi la pleine saison des moissons et toute la famille participe, filles et garçons, sans distinction. Les flancs des montagnes offrent de grandes étendues d’herbes aux allures de velours, fauchées à la perfection, qui réveillent en vous des désirs d’enfants : dévaler les pentes à plat ventre. Une odeur de foin flotte dans l’air, une odeur de lisier à l’approche des fermes. Les vaches se complaisent parfaitement dans cet environnement. Elles se font entendre à des kilomètres de distance dans un concert de clochettes.
En architecture, le bois domine. Il prend une couleur grisâtre avec le temps. Les façades des maisons sont toutes recouvertes de planches parfaitement symétriques ou de petites tuiles en bois. La couleur des volets, rouge, bleu, vert… et les balcons toujours généreusement fleuris, apportent une touche bucolique. Des petits rideaux de dentelles, d’un blanc immaculée, trônent aux fenêtres. Tout est ordonné et propre, à l’image des jardins à l’avant des habitations où des nichoirs sont plantés de ci et là. L’intérieur, pour les maisons les plus traditionnelles, est décoré dans un style cosy et chaleureux, qui rappelle que les hivers sont rudes et longs.
Dans les villes aux environs de Au, la densité de population reste moyenne, les bâtiments se gardent de concurrencer les montagnes et n’excèdent pas quatre étages. Sans méfiance aucune, les vendeurs laissent leurs produits devant leurs boutiques, y compris les jours de fermeture. De la même façon les journaux sont en « self-service », le long des trottoirs, accrochés à un poteau ou bien sur un pont, une petite tirelire sur le dessus indiquant la somme à payer. Les bureaux de tabacs n’existent pas. Pour les rares fumeurs, des paquets de cigarettes sont en vente dans les grandes surfaces. Le respect de l’environnement semble, dans ce petit coin de l’Autriche, être aussi important qu’une vie saine…