Simon Dunkle revient et il est plus énervé que jamais. Désormais, il a décidé de s’en prendre à ceux qui s’en prennent aux autres. Parce que Simon Dunkle, ce n’est pas seulement un mec qui parle de lui à la troisième personne, c’est aussi un mec énervé qui défend la veuve et l’orphelin. Désormais, Simon Dunkle a décidé de s’attaquer à ceux que l’on n’attaque pas ; à ceux que l’on dit intouchables : les critiques de cinéma.
(Lire aussi : Peut-on critiquer les critiques ? Épisode 1 : Retour Vers Le Futur & Épisode 2 : Pan)
Apprendre un mot avec les journalistes de cinéma : Hagiographie
Ce qui est bien quand on lit la presse, c’est qu’on se sent moins bête. Je dirais même qu’on a le cerveau qui grossit. Mais ce que l’on ignore souvent, c’est que c’est aussi le cas de nos amis journalistes. Lors d’une projection presse par exemple, il y a ceux qui regardent le film et ceux qui se contentent du dossier de presse. Mais également, lors de ces mêmes projections, il y a ceux qui ont un avis sur le film et, comme à l’école, il y a les « copiteurs ». Cet été, par exemple, il y a un journaliste français qui, à la sortie de projection presse du film NWA – Straight Outta Compton a prononcé le mot « hagiographie ». Et comme c’est un mot très compliqué (quatre syllabes, vous vous rendez compte ?), nos amis journalistes l’ont tous repris dans leur copie. Mais il ne faut pas leur en vouloir : vous aussi, lorsque vous apprenez un mot, vous le répétez, non ?
Ainsi, pour Direct Matin, F. Gary Gray a réalisé un film « frôlant parfois l’hagiographie ou l’hommage trop appuyé à Eazy-E… », tandis que pour Paris Match « Par ces quelques travers hagiographiques du genre biopic, le film s’affaiblit parfois », alors que pour Première « Cet « autobiopic » esquive l’écueil de l’hagiographie en s’immisçant dans les zones d’ombres ».
Mais en même temps, ce n’est pas de leur faute, puisque pour The Guardian : « Worse, though, is how it loses all its edge to become hagiography for these men ». Eh oui, même dans les pays anglo-saxons, on était d’accord sur l’idée comme le prouve le titre de la critique du film chez Patheos : « Straight Outta Compton : Some Truth, But Too Much Hagiography ». Ne me dites pas que chez GQ aussi ? Ah bah si : « Squeezing the full story of a noteworthy career into a two-hour movie all too often requires unflattering shortcuts—and the final products also frequently tend toward hagiography. » Tant que National Review ne s’y met pas, l’honneur est sauf : « The hagiographic movie, Straight Outta Compton, omits Young’s history of assaults on women and completely whitewashes Jackson’s incendiary attacks on Korean storeowners in South Central Los Angeles. »
Et mince ! Ne me dites que tout le monde s’y est mis, quand même ? À priori, si, puisque vous retrouverez le terme également dans Paste Magazine, le Washington Post, Meta Critic, Star-Telegram, Spectrum Culture et bien d’autres !
Impossible de savoir qui a copié qui, donc ? La seule chose qui est sûre, c’est qu’un journaliste français a lu une ou plusieurs critiques anglo-saxonnes du film. À moins que ce ne soit ce que l’on appelle de la synchronicité à grande échelle.
Voilà, j’espère qu’avec cet article, vous avez quand même pris la peine d’aller dans le dictionnaire chercher le mot hagiographie ! On aura au moins appris une bonne leçon aujourd’hui pour tous les étudiants qui nous lisent :
« Lorsque vos professeurs vous reprochent de copier sur votre voisin, rétorquez-leur qu’il n’y aucun mal à cela, puisque des journalistes professionnels le font, et qu’ils sont payés pour ! »
C’était la leçon du jour, ne me remerciez pas. Peace !