Avant toute chose, nous tenons à rappeler qu’il s’agit, comme d’habitude, d’un Top purement subjectif. Ensuite, il nous faut souligner que Batman étant devenu, par la force des choses, une œuvre plurimédia, son origine nous vient du comic-book. Plus exactement, le personnage de Batman est apparu dans le Detective Comics numéro 27 du mois de Mai 1939, et fut créé par Bob Kane. Il semble évident que l’inspiration ayant servie à sa création provient d’un roman français (et oui, cocorico !) à savoir Le comte de Monte-Cristo, écrit par Alexandre Dumas avec la collaboration d’Auguste Maquet. Les américains étant de grands fans de Dumas, comme nous le prouveront les multiples adaptations cinématographiques de son œuvre.
Étant donné que nous parlons d’adaptations, ne seront donc citées ici que des œuvres originales hors comic-books. Et afin de bien souligner la différence entre une adaptation et une transposition, nous ne mentionnerons pas non plus les différentes œuvres animées transposées directement du comics (sont donc d’office éliminés Batman et Red Hood et Batman The Dark Knight Returns, par exemple, même si c’est très bien quand même).
Néanmoins, par souci de bien nous faire voir auprès des lecteurs d’Arlyo ne connaissant que peu les romans graphiques du chevalier noir, voici une petite sélection, non exhaustive, des meilleurs comics consacrés au célèbre détective de Gotham :
10.The Dark Knight Rises (2012) de Christopher Nolan
Le mal-aimé de la trilogie de Nolan figure en dernière position de ce Top 10. Car si le film comporte de nombreux défauts, il n’en demeure pas moins une véritable volonté de refaire de Batman une figure héroïque, figure quasiment absente du second opus, ce qui demeure un effort louable pour un long-métrage qui s’inspire grandement de la bande-dessinée Knightfall. N’en reste pas moins un film semblant tourné à la va-vite, que ce soit avec la mort bâclée du personnage de Marion Cotillard, qui a fait couler beaucoup d’encre, (et dont la faute incombe au réalisateur et non à l’actrice) ; ou aux nombreuses incohérences scénaristiques (des pirates informatiques qui ont besoin d’armes à feu pour pirater un réseau…What ???).
En termes de réalisation, le film propose également quelque chose que je déteste au plus haut point chez Nolan, et que je vais expliquer ici. En effet, le réalisateur confond la manipulation cinématographique et le mensonge cinématographique. La manipulation cinématographique, si elle est bien exécutée, peut être louable et consiste à dissimuler volontairement des morceaux d’une intrigue au spectateur, tout en lui donnant des indices sur un événement futur du récit. Le mensonge cinématographique, ce que pratique Nolan dans ce film, et dans une moindre mesure dans The Dark Knight, consiste à montrer au spectateur des événements qui n’ont pas lieu. Pour vous donner un exemple, je ne peux donc que vous citer la fin du film (oui, Spoiler, mais comme vous l’avez tous vu…). On y voit Batman conduire le Batwing, avant de le faire exploser au-dessus des flots, et ce, sans qu’il ne s’en soit éjecter. Plus tard, on apprend que Batman est toujours vivant, car il n’est en fait jamais monté dans le Batwing. Alors, pourquoi nous l’avoir montré dedans en plein vol s’il n’y était pas ?????????? Aaaaargh ! Ça m’énerve ! N’était-il pas plus simple de ne jamais montrer l’intérieur du Batwing, et ainsi de nous manipuler, et non de nous mentir ?
09. Batman (1989) de Tim Burton
N’en déplaise à mes souvenirs d’enfance, le Batman de Burton est très loin d’être un bon film. Si l’on peut reconnaître à Jack Nicholson un cabotinage des plus jouissif dans le rôle du Joker, le fait d’en avoir fait l’assassin des parents de Bruce Wayne est clairement une erreur et transforme le film en une simple histoire de vengeance. Car là est le véritable problème du métrage, à savoir que si l’on oublie qu’il s’agit de l’histoire de Batman, le film pourrait être n’importe quelle histoire de vengeance, d’autant que la réalisation de Burton est très loin d’exceller dans les scènes d’actions. Malgré cela, c’est bien lui qui sauve totalement le film du naufrage. Son goût pour le cinéma expressionniste allemand des années 20 va transformer Gotham City en un mélange de ville baroque et futuriste, tandis que la photographie apportera au chevalier noir un aspect sombre et gothique qui ne le quittera pas jusqu’à présent. De même, la musique du film, formidablement composée par Danny Elfman, reste encore aujourd’hui comme le thème principal du chevalier noir.
08. The Dark Knight (2008) de Christopher Nolan
« Quoi ? Mais… Mais… C’est la meilleure adaptation de Batman ! Comment peut-il être si mal classé ? » Voici sans doute ce que la majorité d’entre vous se disent en voyant ce classement. Normal, vu que le film de Nolan, comme la plupart de ses autres réalisations, bénéficie auprès des fans d’une aura d’œuvre intouchable. Au point que les rares journalistes ayant osé en dire du mal à sa sortie ont reçu des menaces de mort et ce, aussi bien en France qu’aux États-Unis. Aussi, il va me falloir argumenter, non pas sur les qualités du film (formidable interprétation d’Heath Ledger, photographie soignée, véritable volonté d’ancrer le personnage dans un certain réalisme politique, superbe scène d’introduction…), mais plutôt sur ces défauts en tant que film de super héros.
Tout d’abord, comme c’était le cas pour le film de Burton, The Dark Knight n’est pas un film de super héros, mais un film policier déguisé en film de super héros. En l’occurrence, il s’agit ni plus ni moins que d’un remake de Heat de Michael Mann, sorti en 1995. Or, quel est l’intérêt d’un tel remake sachant que le film original était déjà parfait, et que Nolan ne pouvait faire que moins bien ? (Ce qu’il fait, d’ailleurs).
Ensuite, il y a ce gouffre béant entre les intentions annoncées par le film, et ce qu’il montre à l’écran, à savoir que le film s’appelle The Dark Knight, référence à la bande-dessinée ultime de Frank Miller et Lynn Varley intitulé The Dark Knight Returns, montrant un Batman vieilli, proche de la retraite, clairement fasciste, et s’apprêtant à tuer une bonne fois pour toutes les super-vilains de Gotham. Que montre le film de Nolan ? Un Batman jeune, ne pensant qu’à se taper des bimbos et ne voulant même pas en découdre avec le Joker, car il préfère d’abord s’occuper de la pègre durant la grosse majorité du film (ce qui est, de plus, en opposition totale avec le final du film précédant).
Aussi, le film ne cesse de sur-expliquer ces enjeux (ce qui deviendra clairement un des travers du cinéma de Nolan à partir de ce film-là). On ne compte plus le nombre de fois où Harvey Dent explique qu’il va devenir Double Face, par exemple, ou encore l’éminent problème du discours final du Joker où il explique à Batman qu’ils sont chacun la face d’une même pièce (car Nolan estime son public trop stupide pour comprendre qu’un personnage coloré est l’opposé d’un personnage sombre, que le chaos est l’opposé de l’ordre…).
Dernier point qui fâche : la réalisation du film en elle-même. Nous rappelons que nous sommes ici dans un film de super héros. Or, aucune véritable action superhéroïque ne sera montrée comme telle :
- La première apparition de Batman est d’un ridicule total, proche d’un film de Steven Seagal : https://www.youtube.com/watch?v=Hhn8VVtrfDk, surtout que la scène ne sert strictement à rien par rapport à l’histoire.
- La course-poursuite impliquant la moto (censée être la scène de bravoure du film) est une catastrophe en terme de gestion d’espace (on ne comprend pas où se situent les véhicules l’un par rapport à l’autre, ni dans quel sens ils vont) : https://www.youtube.com/watch?v=FPaTv98wUsE
- Et enfin, la séquence de climax final entre Batman et le Joker est tout bonnement illisible, malgré l’intervention de l’équipe des effets spéciaux qui, selon leurs propres dires, ont essayé de sauver la scène : https://www.youtube.com/watch?v=ZFSqcqK3KB4
Pour toutes ces raisons, The Dark Knight n’est que huitième du top.
07.Batman Begins (2005) de Christopher Nolan
Le premier film de la trilogie Batman de Christopher Nolan adapte quasi-littéralement le comic-book Batman : Year One de Frank Miller, et c’est justement ce qui fait la grande force du film. Néanmoins, il est étonnant de voir que ce sont les rares choix d’adaptations et non de transposition de Nolan et son scénariste David S. Goyer (pourtant auteur des formidables scénarios de Blade 2 et Dark City) qui vont justement empêcher le film d’être le chef d’œuvre qu’il aurait presque pu être (l’autre bémol étant la réalisation de Nolan, malheureusement à la ramasse sur les scènes d’actions, quasiment toutes illisibles).
En effet, il est très important de noter que dans le film, Batman part s’entraîner aux techniques ninjas dans l’Himalaya. Or, les ninjas sont japonais, et non chinois, donc que foutent-ils dans l’Himalaya ?! Il va de soi que Nolan et son scénaristes ont dû se dire qu’après tout, les deux peuples sont bridés et que cela n’a donc pas d’importance… De même, là où Miller faisait du personnage de Ra’s Al Gul un personnage justement japonais, il est américain chez Nolan, puisque joué par Liam Neeson. Donc, pour Nolan, il est tout à fait normal qu’un américain soit supérieur aux japonais sur leurs propres coutumes ancestrales… De là à dire que Batman Begins est un film raciste, il n’y a qu’un pas, que je ne sauterais pas cependant, préférant mettre ces erreurs sur le dos de la bêtise uniquement. Ce qui est dommage, puisqu’au-delà de ça, le film propose de véritables morceaux de bravoure et parvient à ancrer le personnage de Batman dans la réalité de façon assez brillante.
06.Batman Arkham Knight (2015) sur PS3, PS4, Xbox360, Xbox One et PC
Après les très gros succès publics et critiques des deux premiers volets de la trilogie Arkham, inutile de dire que ce troisième et dernier opus était très attendu, trop peut-être. Et effectivement, si le second semblait totalement insurpassable en matière de scénario et d’implication émotionnel, se terminant sur l’une des plus belles images de l’histoire du chevalier noir, que faire pour ce troisième volet, si ce n’est proposer plus d’action par l’ajout quasi-systématique de la Batmobile dans le jeu. D’un point de vue réalisation, l’équipe de Rocksteady, comme à son accoutumé, nous propose du très lourd, la ville de Gotham entre architecture futuriste et gothique, n’a jamais été aussi belle, et le personnage de Batman est plus badass que jamais. C’est plus d’un point de vue scénaristique que le jeu déçoit, car s’il parvient à bâtir un scénario cohérent, l’identité du Arkham Knight, grand méchant du jeu sur qui repose l’intrigue, est bien trop facile à deviner, ce qui est fort dommage, surtout après la claque du deuxième épisode. Mais on ne peut clairement pas satisfaire tout le monde, et le jeu restera malgré tout comme l’un des grands moments de l’année 2015.
05.Batman Arkham Asylum (2009) sur Playstation 3 et Xbox 360
Le Joker est capturé par Batman et emmené comme d’habitude sur l’île de l’asile psychiatrique d’Arkham. Mais il s’agit en fait d’un piège tendu par le Joker et Harley Quinn, qui vont faire s’échapper tous les détenus de l’asile et s’emparer de l’île.
Soyons clairs, à sa sortie, Batman Arkham Asylum est une véritable claque dans la gueule pour tous les fans de la chauve-souris. Il entre d’ailleurs dans le Guiness des records en tant que « Jeu vidéo sur les super héros le mieux noté par la presse ». Et pour cause, Rocksteady et Warner ont mis les petits plats dans les grands en faisant appel à tout le casting vocal de la série animée, ainsi qu’à son scénariste principal, Paul Dini.
De plus, le système de jeu est assez révolutionnaire pour l’époque, notamment dans des phases de combats extrêmement dynamiques, se terminant toutes par un ralenti iconique et badass au possible, alors que le jeu implique également des phases d’infiltrations qui, pour une fois, se démarquent totalement des Metal Gear Solid qui sont alors la référence absolue en la matière. Jamais le sentiment de puissance de Batman n’aura été aussi bien rendu et l’implication du joueur / fan autant poussée. Un véritable chef d’œuvre du genre qui ne sera véritablement détrôné que par sa suite.
04.Batman Le Défi (1992) de Tim Burton
Voilà peut-être ce qui restera comme le chef d’œuvre cinématographique autour du chevalier noir, et pourtant le film de Tim Burton ne traite quasiment pas du super héros, préférant s’appesantir sur les super-vilains. Au point même de faire passer le film pour un véritable film d’horreur (rappelons à ce sujet que l’histoire commence ni plus ni moins par un acte d’infanticide, acte raté, certes, mais quand même…). Le film de Burton est le premier à véritablement démontrer la schizophrénie du personnage de Batman, qui apparaît ici comme tout aussi fou que ceux contre lesquels il lutte. On retrouve d’ailleurs l’attrait pour le cinéma expressionniste cher à Burton à travers une photographie bleutée parfois proche du monochrome (donc du cinéma noir et blanc), et une ville de Gotham plus gothique que jamais, sans oublier la dimension totalement cartoonesque proche de l’esprit serial de la série des années 60 (les pingouins et leurs explosifs). Un film qui fera date dans l’histoire des films de super héros, et peut-être le rôle le plus iconique et mémorable de ses trois acteurs principaux (Michael Keaton, Danny DeViton et Michelle Pfeiffer), ainsi qu’un des plus grands films de Burton.
03.Batman, la série animée (1992) de Bruce Timm et Eric Radomski
Tout commence par un générique, les notes de Danny Elfman se mêlent à celles de Shirley Walker. Une réinvention du thème principal du chevalier noir. Et dès ce générique montrant Batman tout en ombres chinoises, on sait. On sait que nous allons assister à une série animée pas comme les autres. Quelque chose qui tient tout à la fois du miracle et du génie. Et la suite ne trompe pas. Le personnage de Batman est doublé par Kevin Conroy qui lui donne le timbre de voix grâve et posé qu’il faut, tandis que celui du Joker est doublé par le légendaire Luke Skywalker de Star Wars, à savoir Mark Hamill en personne. Tout ici est fait par des fans pour des fans, et parvient à maintenir le parfait équilibre durant 85 épisodes entre le dessin animé pour enfant et pour adulte. La série est sombre et violente, mais sans tomber dans le graphique. En un mot : parfait. Le tout est écrit non seulement avec un véritable amour pour le personnage et le comics, mais aussi en prenant en compte l’héritage des films de Burton, tout en se permettant, ni plus ni moins, de réinventer les personnages en ayant le plus besoin, comme Robin et Double-Face, ou encore Mr Freeze, à travers l’inoubliable épisode Amour On Ice, faisant de lui un être torturé et tragique, dans un épisode qui devrait vous faire verser une petite larme.
Une série à voir et à revoir, avec des scénaristes de génie tels que le grand Paul Dini, qui officiera également sur les jeux vidéos.
02.Batman contre le fantôme masqué (1994) de Bruce Timm et Eric Radomski
Impensable ! Ce long-métrage animé sort en 1993 aux États-Unis sur les écrans de cinéma, et fera 5 600 000 dollars de recettes, soit juste de quoi rembourser son budget estimé à 6 000 000 de dollars à l’international. Pourtant, il ne sortira jamais en salles en France, seulement en cassette vidéo à l’époque. C’est pourquoi il reste inconnu de la plupart des spectateurs français. Cependant, il s’agit d’un chef d’œuvre absolu, basé sur la série animée, et racontant comment des attentats sont perpétués au sein de Gotham sur des chefs de la Pègre par le fantôme masqué, un nouvel ennemi que la police confond avec Batman, tandis que Bruce Wayne voit le retour de son ex-fiancée en ville. De ce scénario sombre, Alan Burnett, le scénariste, parvient à écrire une des histoires les plus personnelles du chevalier noir, transformant le film en véritable histoire d’amour ne pouvant se terminer que tragiquement. Esthétiquement magnifique, et formidablement mis en scène, il s’agit certainement de la plus belle adaptation de Batman sur un écran, et ce, même si c’est un dessin animé, ce à quoi de nombreuses personnes peuvent être réfractaires.
01.Batman Arkham City (2011) sur Playstation 3, Xbox 360, Wii U et PC
La voici ! La plus grande adaptation des aventures du chevalier noir. Ce jeu vidéo est donc la suite de Batman Arkham Asylum et semble reprendre la recette que James Cameron avait appliqué à la saga Alien, à savoir tout multiplier. C’est ainsi que l’on se retrouve ici avec plusieurs héros (Batman et Catwoman), une ville plus grande (l’asile d’Arkham s’est transformé en ville), plus de gadgets, plus de fonctionnalités et bien sûr, plus de super-villains.
Et si le jeu gagne également en beauté et en longévité, ainsi qu’un véritable approfondissement de ses systèmes de combats et d’infiltrations presque parfaits, il parvient surtout à surprendre par un scénario ultime qui se termine par… SPOILER… la mort du Joker. L’ennemi juré de Batman meurt dans un éclat de rire, tandis que le chevalier noir lui avoue qu’il allait se sauver. S’ensuit une image iconique de Batman, sortant du théâtre de l’affrontement avec le corps inerte de son ennemi juré dans les bras, le déposant sur la voiture du commissaire Gordon avant de partir en silence. Magistral !